Des nuits hantées et des photos de famille entachées. Gros plan sur le cauchemar de la jeunesse actuelle, mais qui a pourtant son utilité : l’appareil dentaire.

Un passage chez l’orthodontiste est devenu presque obligatoire pour les jeunes d’aujourd’hui. Soucis esthétiques ou problèmes fonctionnels : les parcours orthodontiques sont parfois exceptionnels d’originalité. Pourtant, ce qui provoque plutôt douleurs, rires narquois et salade coincée entre les plaquettes s’avère finalement positif.

C’est le cas pour Elsa, 19 ans et étudiante au Collège Sainte-Croix : « Franchement, je remercie la science. Je referais mon traitement orthodontique à tous les coups ! Sans ça, je n’aurais ni avenir, ni amis, ni confiance en moi », sourit-elle. Nicole Hunziker, orthodontiste récemment installée à la rue Saint-Pierre et maman de quatre enfants, abonde dans le même sens: « On fait un traitement orthodontique surtout pour améliorer la fonction des dents et de la mâchoire. Mais il est évident que l’esthétique joue un rôle », explique-t-elle.

Une spécialisation

À propos d’orthodontistes: comment arrive-t-on à un tel métier? « Pour devenir orthodontiste, il faut d’abord devenir médecin-dentiste, ce qui est au début très général. L’orthodontie est une spécialisation très technique qui prend du temps », raconte Nicole Hunziker. « Les places d’assistants dans ce domaine sont très limitées dans les universités et comme j’avais l’occasion de faire cette formation, je suis partie sur cette voie. »

Et comment un tel intérêt pour les dents a-t-il pu être suscité ? « Alors ça, franchement, c’est une bonne question. Je n’ai pourtant pas d’antécédents de dentistes dans la famille…» Pour Nicole Hunziker, un aspect essentiel prime : « Il est très important d’expliquer le pourquoi du traitement au patient. Quand on comprend la raison du traitement, on est plus motivé, et le tout devient positif. » Son assistante, Delphine Cordey, va même jusqu’à dire que la communication avec le patient représente la moitié du travail…

Anecdotes de quenottes

Un appareil dentaire, forcément, ça marque de plusieurs manières. Elsa s’en souvient avec beaucoup d’humour : « J’avais une barre au milieu de la bouche qui m’empêchait d’avaler comme il faut. Et quand j’avalais, ça faisait un bruit ignoble. Quand je bâillais, les élastiques se cassaient ! Tout ça sans parler des camps en primaire. Je ne pouvais pas manger de bonbons le soir dans la chambre, comme les autres. Ça cassait mon appareil… Je rentrais souvent avec un appareil dans un sale état », se rappelle-t-elle en riant.

« Ce qui était chouette, c’est que mon orthodontiste avait de beaux yeux. C’était apaisant, quand il me soignait. Il était pédagogue, et les assistantes adorables. Ça aidait beaucoup », ajoute Elsa. Nicole Hunziker, elle aussi, s’enthousiasme : « Certaines personnes sont même assez fières de leurs appareils ! Ça devient presque un accessoire. Par exemple, on peut mettre des élastiques fluo.» Si on peut en rigoler, ce n’est pas si terrible. Et franchement, pour avoir un sourire d’enfer, on est d’accord de payer cher.

Inès Conti
Publié le 16/10/2015 dans La Liberté